Chapelle Saint-Léonard

Chapelle Saint-Léonard

Découvrez un édifice remarquable du patrimoine mayennais orné de peintures murales du 14e siècle. Réalisées par un artiste d’une grande habileté, ces peintures sont un témoignage exceptionnel de l’art pictural au cours de la guerre de Cent Ans.

Informations pratiques :

Possibilité de visiter la chapelle uniquement pour les groupes sur réservation au 02.43.00.17.17 ou contact[a]museeduchateaudemayenne.fr
Groupes à partir de 10 personnes
3€ par personne

Historique de la chapelle

Dans les documents anciens, il y a peu d’information sur la chapelle. Il n’existe pas de date précise pour sa construction et elle apparaît sur les pouillés (registres ecclésiastiques) seulement au 15e siècle. Au 20e siècle, l’abbé Angot la présente ainsi :

Sur la rive droite [de la rivière la Mayenne], à une époque inconnue, se fonda le lieu noble et la chapelle de Saint-Léonard. En 1406, Mlle de Poligné, Jeanne Ouvrouin, vient de la Gravelle à Laval pour aller faire et recevoir ses hommages féodaux à Saint-Léonard et à Grazay. Cassini indique encore le manoir. La maison actuelle du fermier est en effet un logis du XVIIIe s.

La chapelle, livrée depuis longtemps à des usages profanes, laisse voir une fenêtre en arc brisé à son pignon oriental, mais porte et fenêtres latérales sont en plein cintre. Quelques peintures grossières représentent sur les murs des rameaux et des oiseaux. Le bénéfice est noté dans un pouillé des premières années du XVIe s. et dans celui de Tours (1648) à la présentation de l’évêque. Je relève en 1648 le baptême d’un enfant qui avait été exposé dans la chapelle et, en 1679, un mariage qu’on y bénit. La procession de N.-D. s’y rendait le mardi de la Pentecôte.

— Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne de l’abbé Alphonse Angot Tome III, retrouvez l’extrait complet.

C’est l’étude du bâtiment qui a permis de préciser sa datation. Des pièces de charpente d’origine ont été analysées avec la technique de la dendrochronologie en 2014. L’analyse a révélé que les arbres utilisés pour la charpente ont été abattus entre 1361 et 1381. Comme le bois était utilisé vert (juste après l’abattage), on se situe dans une période de 20 ans à la fin du 14e siècle. Cette datation est confirmée par le style des peintures présentes dans la chapelle.

En dehors de cela, la chapelle reste très mystérieuse. Il existe trois Saint-Léonard et il n’est pas possible de savoir auquel elle est dédiée. L’emplacement choisi pour sa construction est isolé. En effet, le gué Saint-Léonard, près duquel elle est construite, a peu d’intérêt au Moyen Âge et on ne connaît pas de lien avec une structure ancienne. Enfin aucun document ne permet d’identifier le commanditaire de la chapelle, néanmoins il devait bénéficier d’une certaine aisance financière au vu de la qualité du travail de l’artiste peintre.

La chapelle a connu trois fonctions qui ont laissé des traces sur les murs, d’abord lieu de culte, elle est transformée en habitation au 18e siècle avant d’être réaménagée plus tard en étable puis en poulailler. Classée partiellement au « Monuments historiques » en 1959 pour ses murs, elle est rachetée par la ville de Mayenne en ….. et elle est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques dans sa globalité en 2003. De 2008 à 2012, elle est restaurée. Elle a été étudié par Christian Davy du service du patrimoine, Conseil régional des Pays de la Loire.

↘ La restauration

La restauration, de 2008 à 2012, a voulu rétablir la fonction de chapelle :
– Replacement d’un autel.
– Débouchage de la fenêtre axiale et mise en place d’un vitrail.
– Sur la charpente, remplacement des bois trop abîmés.
– La restauration des peintures a été réalisée par le laboratoire ARCOA (spécialisé dans la Conservation et la Restauration de polychromies et de décors peints anciens).

↘ Les peintures

Sous des repeints plus récents, un ensemble de peintures réalisées au 14e s a été découvert. Aujourd’hui, seul le dessin préparatoire, réalisé par un artiste d’une grande habileté, est encore visible. Les peintures murales présentent un programme dominé par la résurrection des morts, visible sur le mur ouest, et par la dévotion aux saints Laurent, Méen, Mammès, Gilles, ainsi que d’autres non identifiés. On note un attachement aux soins et à la guérison (saints intercesseurs). Le programme s’organise aussi autour des deux personnages non identifiés, installés aux places d’honneur sur le mur ouest.

Mur ouest
– En haut, un jugement dernier assez épuré.
– En dessous, en place d’honneur, se trouve un chevalier en armes non identifié qui porte des insignes du pouvoir breton. Son identification autorise plusieurs hypothèses et est toujours à l’étude. Il pourrait être Charles de Blois.
– De l’autre côté, lui aussi à l’honneur, un évêque sans nimbe en bénédiction est représenté (identification impossible).
– En dessous, sur toute la longueur du mur se trouve un retable. Y sont représentés, de gauche à droite  : une annonciation, une vierge à l’enfant avec l’adoration des mages et une série de quatre saints non identifiés (l’un d’eux pourrait être Saint-Fiacre).

Mur nord
– Un saint abbé non identifié avec des implorants dans une scène de guérison.
– Un saint martyr attaché à un chevalet, probablement Saint-Quentin.
– Une scène du martyr de Saint-Laurent (ou Saint-Vincent). On y retrouve de nombreux personnages et quelques éléments inhabituels, notamment un bourreau cassant du bois et un autre salant les plaies du saint par-dessus l’épaule du premier.
– Une scène du martyr de Sainte-Appollonie.

Mur est
– Saint-Gilles et la biche.

Mur sud
– Saint-Méen avec des implorants dans une scène de guérison.
– Une scène du martyr avec Saint-Mammès tenant ses entrailles.
– Une grande scène, en deux parties. Dans la première, à l’intérieur d’une architecture, un saint intellectuel non identifié est couché dans un lit. À droite, à l’extérieur, un saint évangélisateur non identifié tient un dragon dompté à l’aide d’une étole sacrée.
– À l’extrémité du mur sud, au fond de la chapelle, une scène morale est représentée “Les bavardes”. Inspirée d’un exemplum de Jacques de Vitry, il s’agit de la représentation de cet exemplum la plus ancienne en peinture murale. On y voit deux femmes bavarder, derrières elles, un diable note leur discussion sur un parchemin, tandis qu’à l’arrière plan, un second, boiteux, emporte un homme dans une hotte attachée à son dos.